Manuel Cervera-Marzal décroche un mandat de chercheur qualifié du FNRS à l'ULiège

Manuel Cervera-Marzal, docteur en sociologie et philosophie politique sein du groupe de recherche PragmApolis (IRSS/Faculté des Sciences sociales) de l'Université de Liège obtient un mandat de chercheur qualifié du FNRS (Fonds National pour la Recherche Scientifique) pour continuer ses recherches concernant trois partis politiques.

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es recherches de Manuel Cervera-Marzal s'intéressent à trois partis politiques qui sont tous des populismes de gauche : Podemos, la France Insoumise et le Parti des Travailleurs Belges. Cette étude se penche sur la genèse de ces partis politiques et comment ceux-ci se sont fait une place dans une compétition électorale qui est assez fermée. Manuel Cervera-Marzal cherche à comprendre ce qu’il se passe lorsque des militants politiques de la gauche radicale, qui ne sont pas des professionnels de la politique, se retrouvent au cœur des institutions. En d’autres termes : « Est-ce que les institutions changent les élus, ou est-ce que ce sont les élus qui parviendront à changer les institutions ? »

« La connaissance pour la connaissance sert quand même à quelque chose, » explique Manuel Cervera-Marzal. Cependant, ici, « la question de recherche est une question scientifique qui fait écho à de vrais débats de société qui intéressent toutes celles et ceux qui font de la politique, mais aussi, tout simplement, toutes celles et ceux qui ont le droit de vote. » Dans le débat public, deux positions s’opposent : ceux qui pensent que le populisme est une menace pour la démocratie et ceux qui, au contraire, voient le populisme comme un moyen de faire revivre la démocratie. La sociologie et la science politique essaient de faire avancer ce débat en apportant les faits les plus documentés possibles.

Au fil de ses recherches, Manuel Cervera-Marzal s’est rendu compte que « si on ne s’intéresse pas à la politique, c’est elle qui s’intéresse à nous et qui nous rattrape. Soit on réfléchit sur nous-même, nos conditions de travail et comment on peut les défendre, soit on se laisse dominer, opprimer, exploiter. Ma tâche est de contribuer à produire du savoir scientifique. J’ai espoir que ce savoir soit approprié plutôt par les dominés, les opprimés, les exploités, plutôt que par ceux qui les exploitent. Je me suis tourné vers ce domaine, car il en va de nos vies et de nos libertés. »

Durant les prochaines années, le travail de Manuel Cervera-Marzal suivra deux directions. « D'abord, je vais poursuivre mes enquêtes sur Podemos, la France insoumise et le Parti du travail de Belgique, afin d'étudier ce qu'il advient des partis contestataires à mesure qu'ils s'institutionnalisent. Mon deuxième axe de recherche porte sur l'épistémologie des sciences sociales. Avec mon collègue Bruno Frère, nous sommes actuellement en train de rédiger un ouvrage à quatre mains dans lequel, en nous inspirant du philosophe Maurice Merleau-Ponty, nous tentons d'esquisser un nouveau sentier pour la sociologie, à l'articulation entre une approche critique et une approche pragmatique. »

À propos de Manuel Cervera-Marzal

D’origine française, Manuel Cervera-Marzal effectue un Master en science politique à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Il obtient son doctorat de science politique en 2014 grâce à sa thèse qui portait sur les actions de désobéissance civile et les raisons pour lesquelles certaines personnes, comme Gandhi ou Martin Luther King, s’autorisent à entreprendre des actions illégales au sein d’un régime démocratique. Son doctorat en poche, Manuel Cervera-Marzal enchaine ensuite une série de post-docs en Espagne, à Marseille et à Liège. « Mon arrivée à l'Université de Liège doit beaucoup à l'amitié que j'ai nouée avec le sociologue Bruno Frère, mon promoteur, et à la profonde estime que j'ai pour ses travaux. Nous partageons un intérêt prononcé pour la théorie critique et pour une sociologie qui dialogue avec la philosophie. » Finalement, en octobre 2022, « après sept longues années de précariat, [il] décroche ce poste de chercheur qualifié du FNRS ».

* CERVERA-MARZAL Manuel, Le populisme de gauche. Sociologie de la France insoumise. La Découverte, « Sciences humaines », 2021.

Un article rédigé par Lola Barnabé, stagiaire au Dpt Communication de l'Université de Liège